Sculpteur à Auray
Rencontres
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Nous avons croisé le chemin de Lucy Pulvertaft Boureau à l’occasion de la vente de sa demeure alréenne. Nous avons eu un vrai coup de cœur pour cette femme sculpteur au charmant accent anglais et au sourire communicatif. Une belle rencontre Demeures Marines que nous vous proposons de découvrir.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis sculpteur depuis une vingtaine d’années à Auray… Mon métier, c’est de travailler la matière et de jouer avec les volumes. J’étais une « traumatisée du crayon » et cette rencontre avec l’argile au hasard d’un cours de modelage a été déterminante car elle m’a permis de comprendre que j’avais besoin de m’exprimer en volume. En 2002, j’ai croisé le chemin de l’association « Art Fusion ». Entourée par d’autres artistes, j’y ai appris le travail de fonderie. Ce fut l’occasion pour moi de couler mes premières pièces et d’appréhender toute la technicité et la complexité de ce métier. Une pièce en bronze demande des centaines d’heures de travail. Aujourd’hui, je confie cette facette à un fondeur pour pouvoir me concentrer un maximum sur la création.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Ma plus grande source d’inspiration, c’est la vie elle-même et tous ces petits moments universels qui me font sourire. Mon challenge est de susciter ce sourire sur le visage des personnes qui découvrent mon travail. Quand j’ai commencé à sculpter, j’ai énormément travaillé sur le mouvement et sur l’équilibre. A l’époque, mes enfants avaient 7 et 8 ans et j’étais émerveillée par leur insouciance et leur motrocité totalement désinhibée. J’essayais de retranscrire cela dans mes créations. Aujourd’hui, je travaille un peu plus sur la tendresse, la complicité qui peut se créer entre l’homme et l’animal, le langage corporel, les expressions du visage, les mains, les pieds, les postures… Les thématiques évoluent tout le temps.
Ressentir pour créer
L’essentiel est de ressentir les choses et d’avoir confiance en ses gestes. Quand je travaille sur des visages, j’essaye de ressentir physiquement ce que telle ou telle expression peut provoquer, quel muscle est impliqué… Quand je vais sculpter cette expression, je vais exagérer le trait jusqu’à ce que quelqu’un qui ne sait pas ce que je souhaite exprimer le comprenne. C’est dans le même esprit que parfois je déforme les proportions. Par exemple, dans le cas de sculpture de cette femme qui fait la posture de la pince. Ses pieds sont exagérés car c’est là qu’elle ressent tout le bonheur et l’énergie de cette posture de yoga. En les exagérant, mon objectif est de faire comprendre aux gens ce qui se passe dans la tête du personnage, de leur faire ressentir les choses.
Une rencontre déterminante ?
Il y en a eu tellement que je ne peux pas en citer une seule. Avec ce métier, j’ai la chance de rencontrer des gens fascinants venant d’univers très variés, chaudronniers, fondeurs, menuisiers… Je suis consciente d’être privilégiée car non seulement j’exerce mon art et en plus je côtoie des personnes qui font des métiers extraordinaires. A leur côté, je glane un peu de leur savoir-faire. Le fait de continuer de donner des cours de modelage est aussi merveilleux car enseigner, guider d’autres personnes aiguise mon regard. En revanche, je me souviens d’une parole que Loïc Hervé, sculpteur également, m’avait prodigué lors de l’un de mes premiers salons à Rennes. Il m’avait dit que l’important dans l’art, c’est de durer dans le temps. L’essentiel étant que le public vous suive, regarde, admire. Cette pensée m’est très précieuse.
Quel est votre souvenir professionnel le plus fou ?
Sans hésitation, l’achat de ce bâtiment que l’on appelle « The Cubes » à Pluneret. Cet endroit, j’en ai rêvé… le fait qu’il se soit concrétisé est un signe qui me conforte dans mon art, cela m’a donné confiance et me donne de l’élan. C’est un lieu de transmission et de partage exceptionnel qui m’a toujours parlé. Mes élèves y viennent avec plaisir. Je le partage aussi avec une autre artiste, Corinne Thomazo et un jeune chaudronnier. Un lieu plein de vie que j’aime énormément.
Quelle est votre connexion avec Demeures Marines ?
Demeures Marines s’est occupé de la vente de ma maison. Cela a été une rencontre tellement rassurante. J’ai tout de suite senti que vous compreniez ma maison et cela a été quelque chose de très précieux. Pour moi, ma maison n’était pas juste un ensemble de briques et un toit… c’était beaucoup plus… et vous l’avez tout de suite compris et ressenti avec en arrière fond cette idée si fondamentale de transmission. J’ai pu la quitter avec la plus grande facilité car les choses se sont faites avec bienveillance et je l’ai transmise à une femme qui en est littéralement tombée amoureuse. Cette expérience sous le signe de la bienveillance m’a charmée.
Votre devise pro-perso
Tout est possible. Il faut rêver car les rêves peuvent se réaliser. Il faut toujours tenter des choses et persévérer.
Comment définiriez-vous votre art de vivre à l’Ouest ?
Vivre à Auray est une chance… je me le dis tous les jours alors même que j’y vis depuis presque vingt ans maintenant.
Notre région est tout simplement extraordinaire. Auray est une ville charmante qui a gardé une proportion humaine en développant une belle dynamique culturelle avec son théâtre, le centre Athéna… Vivre à l’ouest pour moi, c’est avant tout de profiter de cet environnement en ayant à cœur d’aller à la rencontre des gens, il y a énormément de belles personnes. Il faut être curieux. Je pense qu’il faut profiter des beaux jours mais aussi des mauvais jours où il pleut… une belle balade sous la bruine typiquement bretonne est parfois encore plus plaisante qu’un bain de soleil. Mon art de vivre à l’ouest, c’est tout cela.