Fondatrice du studio de design JGJ

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Jeanne Gautier-Jezequel, une personnalité atypique dont l’univers a suscité notre curiosité il y a maintenant quelques mois. Cette jeune femme incarne le vent de fraîcheur et de jeunesse qui souffle sur la Presqu’île de Rhuys. Ils sont jeunes, ils ont pleins d’idées, de projets et sont attachés à faire vibrer/rayonner leur territoire.

Une personnalité créative qui oeuvre dans plusieurs domaines, design d’espace, communication web, direction artistique, architecture intérieure… avec cette envie contagieuse d’ouvrir le champ des possibles.

De cette rencontre est née une première belle collaboration sur nos supports de communication. Rencontre avec une créative engagée.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre métier de designer ?

Je suis à la tête du Studio de Design  Jeanne Gautier-Jezequel depuis 2016. Studio que j’ai choisi d’installer au bout de la Presqu’île de Rhuys, à Arzon, pour sa situation exceptionnelle (géographiquement et amoureusement j’y ai rejoint mon mari photographe), mais aussi complètement hors cadre par rapport à tout ce que visaient les créatifs de mon entourage.

Le parcours qui m’a mené au design est un peu atypique puisque j’ai fait des études supérieures en littérature avant d’arriver au design à proprement parler, et ce sur un terreau plutôt scientifique.

Ce mélange détonnant, construit au fil des rencontres (avec des personnalités, des esthétiques), a été pour moi des plus logiques bien qu’instinctif. J’ai le sentiment d’être arrivée à ma posture actuelle de façon assez organique. Avoir une vision d’ensemble des process est pour moi primordial, et est l’essence même du design. D’où une multiplication d’expériences au sein d’établissements tels que la Manufacture de Sèvres, la Fondation Pierre Bergé-YSL, l’Agence de tendance Nelly Rodi ou encore plusieurs studios de design d’objet. Je suis à l’affut des trésors de notre époque, car le design est un travail de traduction, non de plaquage, et pour l’exercer finement il faut ouvrir largement son horizon.

Aujourd’hui l’approche plurielle de mon studio sert un design fait de couleurs, de matières, d’éléments graphiques, de compositions… Il y a mes créations personnelles qui naissent sous les doigts d’artisans d’art la plupart du temps, mais j’accompagne aussi des clients dans la direction artistique de leurs projets. Architecture d’intérieur, identité graphique, set design ou communication web. Entre ces disciplines il n’y a qu’un pas, que je franchis volontiers afin de les faire communiquer entre elles.

Nous avons découvert votre collaboration avec les artisans d’art morbihannais à l’occasion d’un exposition au centre culturel de l’Hermine à Sarzeau. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration et de votre initiative « Since Aujourd’hui » ?

Mon lien à l’artisanat d’art s’est tissé dans une double épaisseur.

Since Aujourd’hui
Tout d’abord une passion partagée avec mon mari, Emeric Jezequel, pour les coulisses de la création, notre envie répétée d’être des petites souris dans les ateliers ou mieux encore des observateurs actifs. Et puis notre soif de projets. J’étais en plein dans mes études à ce moment-là, à 700 km d’Emeric, nos idées ont donc fait de très nombreux allers-retours et occupées tout notre temps libre, avant de trouver leur formule. Le projet Since Aujourd’hui serait destiné à constituer un répertoire vivant des artisans européens d’exception (nous avions observé de graves lacunes humaines dans les répertoires de métiers d’art existants).

Collaboration avec Céline Le Belz aka Brodeline, brodeuse Meilleur Ouvrier de France

 

Pour oeuvrer qualitativement, nous avons axé nos recherches sur les artisans d’art singulièrement ancrés sur leur territoire. Crowdfunding, presse, émissions de radio etc, puis un premier mois de road trip le long de la côte Atlantique, d’Arzon à Lisbonne, à la rencontre d’artisans exceptionnels. Nous passions un à deux jours avec chacun d’eux pour retranscrire au mieux leur âme dans nos reportages, qui paraissaient sur un site dédié. Si la suite du développement du projet a connu des écueils, ils n’ont pas entamé notre engagement vis-à-vis de l’artisanat d’art, et surtout pas fait le poids par rapport à la force des échanges qui nous avaient enthousiasmés.

 

Les Artisans d’Art morbihannais

Collaboration avec Eric Ferrieux, ferronnier et Patrick Lecourt, ardoisier.

L’exposition qui était présentée à l’Hermine à Sarzeau en octobre dernier était en partie le fruit de mon diplôme de fin d’étude à l’Ecole d’Art et Design de Saint-Etienne, et en quelque sorte un zoom en macro sur le cadre mis en place pour Since Aujourd’hui justement. Sachant que je rejoindrai Emeric sur la Presqu’île de Rhuys après mes études, j’avais eu envie de commencer à travailler le plus tôt possible avec des acteurs de mon futur territoire. Apprendre à les connaître afin d’être en mesure de définir des outils pour révéler leur potentiel. Le révéler au plus grand nombre.

Parfois ma démarche aboutit à la création d’un site web, parfois à de simples discussions… Mais régulièrement des pièces de mobilier naissent aussi. Et c’est bien de ça dont il s’agissait dans l’exposition. La phase préalable d’exploration, telle que je l’envisage, est toujours menée dans une dynamique soeur du road trip. Je prends la route pour aller à la rencontre d’artisans dont le travail me parle et qui semblent avoir profondément envie de partager, de transmettre, d’ouvrir leur pratique. En commençant par m’ouvrir les portes de leur atelier. L’installation présentée dans l’exposition à l’Hermine mettait en résonance des objets dessinés dans le but de ramener les savoir-faire à l’échelle du corps dans l’espace. J’avais collaboré pour cela avec des bonnetières de chez Le Minor, une brodeuse MOF, un ardoisier-menuisier ou encore un ferronnier. Des ateliers exclusivement morbihannais.

Les Veilleuses (en collaboration avec Clémentine Dufour, designer, et Patrick Lecourt, menuisier-ardoisier)

Quels sont tes projets pour 2019 autour de la valorisation de ces artisans ?

J’ai profité du break annuel du studio, une nouvelle fois en mode road trip en famille, pour prendre le temps… de flâner, de rencontrer, de goûter, de tester, de dessiner ! Un luxe que nous essayons de provoquer chaque année, en fermant nos studios respectifs 3 semaines consécutives, généralement en janvier. Cette parenthèse m’a permis d’imaginer plusieurs pièces de petit mobilier dont je vais prochainement discuter avec mes artisans, ainsi qu’avec deux personnalités qui ont pas mal inspiré mes derniers dessins. Puis il y a des pistes d’expositions (avec des partenaires vraiment géniaux) et des publications à venir très prochainement. Je suis par ailleurs de très près l’Académie des Savoir-Faire de la Fondation d’entreprise Hermès, dont la démarche m’inspire et que j’espère rejoindre en 2019.

Quel est ton souvenir professionnel le plus fou ?

Sans aucun doute le chantier de la pépinière d’entreprises Les Voilerieuses. Diplômée depuis quelques semaines à peine, je venais tout juste de m’installer à Arzon, et j’avais repéré qu’une ancienne voilerie du Crouesty allait être réhabilité pour devenir un espace de coworking (idéal pour installer mon futur bureau). Rendez-vous pris avec le nouveau propriétaire des lieux pour faire le tour du bâtiment avec plans à l’appui (le chantier n’avait pas encore démarré), en espérant pouvoir pré-réserver l’espace qui m’aurait le plus plu. Et en fin de compte, le feeling a fait que je suis repartie avec non seulement l’assurance de pouvoir choisir mon espace, mais également de le dessiner ! Puisqu’au cours du rendez-vous je me suis vue proposer de prendre la direction artistique du chantier sur 1100 m2, jusqu’aux moindres détails d’ergonomie, de signalétique et de décoration.

J’y ai créé des espaces à vivre honnêtes et contemporains, dont je profite aujourd’hui au quotidien avec onze autres entreprises. Une expérience incroyablement formatrice, et le tremplin rêvé pour lancer mon activité.

 Une rencontre marquante ?

Le GlassLab à Boisbuchet, ma première rencontre en tant que designer avec des artisans d’art d’exception.

Il s’agissait d’un workshop de design (un atelier mené par un spécialiste), d’ailleurs mon tout premier workshop au sein de l’extra-ordinaire Domaine de Boisbuchet, en Charente (Boisbuchet accueillait cet été-là le GlassLab, l’atelier de verrerie mobile du Corning Museum of Glass de New York).

Le principe de ce genre d’atelier est qu’on vous indique un thème, et vous devez attaquer, parce que vous n’avez que 5 jours pour produire vos pièces. Sauf que, certains avaient déjà pratiqué le travail du verre, d’autres, encore néophytes comme moi pourtant, ont ébauché des bouts d’idées et les ont donnés à souffler/couler/fusionner aux verriers présents, peu importe la pertinence des résultats. Je n’ai pas pu. Pas que je sois facilement intimidable, mais vibrait en moi l’envie d’esquisser avant toute chose les contours des artisans verriers qui étaient face à moi. L’envie de comprendre le potentiel de leurs outils, leurs approches, leur style. Ne pas être dans du faire pour faire, mais pouvoir faire véritablement en collaboration avec, pour que mon intervention ait du sens. Je me suis laissée le temps d’observer, presque deux journées au final, à « seulement » me laisser porter par le bourdonnement de l’atelier, les flammes et la chaleur, à manipuler, à questionner, jusqu’à ce que je sois saisie par quelque chose d’essentiel.

Et alors des pièces ont commencé à m’habiter (dont deux réalisations qui ont été repérées durant le séjour par la présidente de Glass Is Tomorrow en visite sur le Domaine, et ont intégré le Fonds Européen de Verrerie Contemporaine, avec qui je collabore depuis). J’ai véritablement pris la mesure du monde que pouvait représenter l’artisanat d’art pour un designer à ce moment précis.

Quelle est ta connexion avec Demeures Marines ?

Demeures Marines avait repéré ma « patte » sur Instagram, et souhaitait me rencontrer à propos de la création de leur nouvelle brochure d’agence. Il y a immédiatement eu un feeling comme on les aime, et début 2018 je réalisais ladite brochure. Peu de temps après je me voyais également confier l’ensemble de la conception graphique de leur papeterie  dans le cadre de la refonte de l’identité visuelle de Demeures Marines. Si notre collaboration se passe si agréablement depuis le départ, je suis persuadée que c’est parce qu’une même dynamique créative nous anime, mais aussi un profond respect de nos interlocuteurs. Ce qui est en soi la clef d’une relation privilégiée.

Comment définis-tu ton art de vivre à l’ouest ?

Habiter face à l’océan procure un sentiment de privilège inouï que je savoure au quotidien. Yoga sur la plage, kayak, balades par tous les temps… Notre région a su préserver son âme sauvage, d’une beauté si poignante !

On a envie d’y manger bon, et de partager les saveurs de chaque saison entre amis au gré des spots locaux. D’octobre à mai l’ambiance est bien sûr très confidentielle, mais étonnamment toute parisienne d’origine que je sois, ça ne m’a jamais dérangé, il y a une telle bienveillance ici. Vivre à l’ouest me nourrit humainement et professionnellement. 

Ta devise pro/perso

Votre entourage est votre socle, chérissez-le. Et insufflez du respect au maximum dans ce que vous entreprenez.

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